vendredi 19 décembre 2008

Ils prennent peur…

« Les Français peuvent renverser le pays. Regardez ce qui se passe en Grèce », aurait déclaré Sarkozy, mercredi 10 décembre, lors d’un déjeuner avec les députés UMP à l’Élysée, d’après Le Figaro, dont la rédaction est sans doute agitée par les mêmes craintes.
À l’heure où ces lignes sont écrites, les mobilisations de la jeunesse se poursuivent en Grèce. Leur force ne s’est pas démentie depuis le 6 décembre, date de l’assassinat d’un jeune de 15 ans, Alexis Grigoropoulos, par un officier de police, à Athènes. Leurs racines sont profondes. Il y a bien sûr l’accumulation de forces permise par un mouvement étudiant et lycéen qui se développe depuis plusieurs mois, contre la marchandisation du système éducatif. Mais la mobilisation est aussi liée au contexte social global que connaît la Grèce, à la politique d’austérité menée par le gouvernement de « centre droit », aux scandales de corruption, au chômage élevé, notamment chez les jeunes (23 %), à la précarité, tout cela fortement aggravé par la crise économique.
Dans ce contexte, mercredi 10 décembre, la journée de grève générale a été bien suivie, et la convergence avec les mobilisations des jeunes s’est réalisée naturellement, avec, entre autres slogans : « Des cadeaux aux banques, mais des balles contre la jeunesse : l’heure est venue de prendre nos affaires en main ! » En France et ailleurs, les médias veulent convaincre qu’il ne s’agit que d’explosions de violence, d’émeutes, causant des dégradations inquiétantes et résultant du « malaise d’une génération ». C’est semble-t-il aussi l’opinion de Daniel Cohn-Bendit, qui considère que les jeunes « ont raison de se révolter s’ils en ont ras-le-bol », mais qui refuse de les soutenir et renvoie les événements à des spécificités grecques, refusant volontairement la comparaison avec la situation française.
Mais c’est passer à côté de la réalité que Sarkozy a bien comprise : il s’agit de la première explosion sociale européenne face au libéralisme et face à la crise. Et un scénario comparable est envisageable dans toute une série de pays européens. Le chef de l’État n’est d’ailleurs pas le seul à s’inquiéter : au Parti socialiste, Laurent Fabius a déclaré que « ce qu’on voit en Grèce n’est pas du tout malheureusement hors du champ de ce qui peut arriver en France », tandis que Julien Dray estime que « le syndrome grec menace l’ensemble des pays aujourd’hui ». En Grèce même, les violences servent de prétexte aux partis de l’opposition institutionnelle pour refuser de soutenir le mouvement, convaincus qu’en dernière instance, c’est la stabilité du système qu’il faut sauver. La poursuite du mouvement, dans un tel contexte, est d’ailleurs un signe de sa profondeur, puisque le gouvernement grec se trouve très fortement déstabilisé par un mouvement indépendant des principaux prétendants à l’alternance.
Nous n’avons pas de telles préventions : nous affirmons notre entière solidarité avec les mobilisations en cours en Grèce et, il faut bien le dire, nous ne craignons pas, comme tant d’autres, la contagion, nous la souhaitons, de même que nous souhaitons, en Grèce et ailleurs, l’articulation entre les luttes de la jeunesse et celles des salariés.
Nouvel effet de la crise économique dont les dangers, pour l’équipe au pouvoir, sont rendus plus visibles par la lutte en Grèce, l’impressionnante volte-face du ministre de l’Éducation, Xavier Darcos, qui avait pourtant construit son image sur une accumulation de provocations, leur nombre étant d’ordinaire proportionnel au degré de mobilisation des élèves et des personnels. Mais l’appareil d’État s’est visiblement fait pressant : il est urgent de déminer le terrain, alors tant pis pour l’image de Darcos, et tant pis si ce recul est un encouragement pour les luttes. Car il faut désormais pousser l’avantage, après le report de la contre-réforme des lycées, il faut obtenir son retrait, ainsi que l’annulation des 13 500 suppressions de postes, dont celles des enseignants spécialisés dans la difficulté scolaire (Rased), et, plus généralement, comme en Grèce, en Espagne, en Italie, la victoire du mouvement social en germe en défense du service public d’éducation, attaqué de la maternelle à l’université.
Lycéens et lycéennes déjà en lutte ou sur le point d’y entrer, enseignant et enseignantes du primaire, et parents d’élèves qui multiplient les actions dans et autour des écoles, personnels massivement mobilisés le 20 novembre : il faut poursuivre la mobilisation. Avant le début de « la crise grecque », Sarkozy aurait fait part de ses craintes à ses proches, lors d’une réunion consacrée à la conjoncture économique :
« Nous allons vers une série d’affrontements sociaux, voire vers un affrontement social. Alors là, il faudra trancher : on fera du Chirac (capituler à la première manif) ou du Thatcher (résister) ? »
Visiblement, Monsieur le président, vous avez eu un doute soudain sur la réponse…

NOUS ETIONS 800 LYCEENS DANS LES RUES DE VALENCE CE JEUDI 18 DECEMBRE! CONTINUONS A NOUS MOBILISER ET A NOUS ORGANISER POUR CONTRER CE GOUVERNEMENT!

jeudi 18 décembre 2008

Appel de la coordination lycéenne : pour une éducation de qualité pour tous

Nous reproduisons l’appel de la coordination lycéenne :
Nous, lycéens réunis en coordination le mardi 16.12 considérons que face aux attaques du gouvernement Sarkozy – Fillon, nous devons agir et lutter dès maintenant pour garantir notre avenir. La réforme et les suppressions de postes menées par Darcos, actuel ministre de l’Éducation nationale vise à remettre en cause en profondeur le système d’éducation dans une logique de rentabilité.
La réforme Darcos sur les lycées généraux prévoit :
de mettre en place un « bac unique » qui, en réalité, casse le cadre national de notre diplôme pour le remplacer par un bac à la carte ; chaque lycéen aura un bac individuel dont la valeur dépendra des options choisies par chaque élève en plus d’un socle commun sommaire et en fonction du lycée d’origine. Il s’agit bien de dégrader le contenu de nos diplômes.
d’officialiser la concurrence entre les lycées par le biais d’une autonomie financière qui permet à l’État de se désinvestir financièrement pour faire des économies sur notre éducation. Les meilleurs lycées pourront avoir des moyens publics pour développer un enseignement de qualité et les autres devront chercher des financements privés qui renforceront le contrôle des entreprises sur le contenu de nos diplômes et donc sur notre avenir.
de remplacer le découpage en trimestre par la semestrialisation, ce qui offrira plus de possibilités de réorientations arbitraires pour les lycéens les plus « en difficulté ». A la fin du premier semestre, on pourra plus facilement réorienter des élèves vers des filières plus professionnalisantes.
L’objectif est clair : en cassant nos diplômes, en bradant l’Éducation, le gouvernement cherche à réduire nos garanties futures sur le marché du travail pour qu’une majorité de jeunes devienne une future main d’œuvre corvéable à merci.
Au niveau des lycées professionnels, la réforme du bac pro impose un cursus en 3 ans au lieu de 4 ans. Le bac pro perd ainsi de sa valeur et certaines filières disparaîtront progressivement. Au passage cela supprime les BEP en 2 ans qui permettaient à des jeunes d’avoir un diplôme reconnu sur le marché du travail en moins de temps de formation.
Ces réformes se déroulent sur fond de suppressions massives de postes dans l’Éducation nationale. L’an dernier, nous avons été nombreux (lycéens et profs) dans la rue pour exiger le maintien des 11 200 postes. Mais le gouvernement persiste en passant outre la résistance en annonçant la suppression de 13 500 postes l’an prochain avec pour objectif d’en supprimer 85 000 d’ici 2012, alors que les classes sont déjà surchargées et que des cours ne sont pas toujours assurés par manque de profs.
Nos revendications :
Maintien du bac national. Des diplômes égaux et reconnus !
Pas d’autonomie financière, pas de concurrence. Non à la réforme Darcos !
Des moyens pour l’Éducation, aucune suppression de poste !
Maintien des Bac pro en 4 ans. Maintien des BEP !
Les annonces de Darcos ne doivent pas nous tromper : en annonçant un report de l’application de la loi, il prouve que notre mobilisation lui fait peur... Mais il ne satisfait pas nos revendications ! Nous devons nous mobiliser et organiser la riposte contre la logique de casse de l’Éducation, c’est notre avenir qui en dépend. Nous appelons tous les lycéens à se réunir en assemblées générales pour organiser la grève et adopter cet appel avec ces revendications, à mettre en place des coordinations et à descendre massivement dans la rue le 8 janvier. Cela doit être le début d’une lutte de longue durée contre un gouvernement à l’offensive. Nous devons construire un mouvement d’ensemble dans l’Éducation en cherchant à nous lier avec les profs et les étudiants.

vendredi 12 décembre 2008

A la poubelle, les réformes de Darcos.











Communiqué de la LCR.

Fin d’année agitée pour X. Darcos ! Les mobilisations se multiplient contre ses réformes libérales de l’éducation. Rassemblements et manifestations la 10 décembre, manifestations de lycéens et d’étudiants en IUT, « nuit des écoles », refus d’appliquer sa réforme du premier degré par un directeur d’école dans l’Hérault.

Jamais avare d’une provocation ou d’une forfanterie, X. Darcos se vante de ne pas être un « ministre de l’hésitation ». Ce qui est sûr c’est qu’il est un ministre de la destruction et du retour en arrière : destruction de 25 000 emplois publics en deux ans, régression de la formation professionnelle publique avec le Bac Pro en 3 ans, « réforme » des lycées dont une des conséquences sera de supprimer des milliers de postes, destruction des RASED et régression des programmes dans le 1er degré.

Le ministre de l’éducation, sponsorisé par F. Fillon et N. Sarkozy, passe la formation à la moulinette de la gestion comptable et de la rentabilité. L’éducation doit rester un service public au service de tous les jeunes pour leur donner une formation, une qualification, un diplôme le plus élevé possible. Cette exigence tourne le dos au Smic éducatif, au système scolaire à plusieurs vitesses, qui sont sous-jacents aux projets ministérielle. Avec à la clef, un chantage vis-à-vis des organisations syndicales : vous signez d’abord, on discute ensuite.

La LCR soutient toutes les mobilisations des personnels, des lycéens, des étudiants et des parents. Contre les suppressions de postes, pour le retrait des « réformes libérales » de l’éducation, un mouvement d’ensemble prolongé dans l’éducation est nécessaire. Il faut stopper la spirale destructrice de la politique gouvernementale en matière d’éducation.

Le 10 décembre 2008.

mardi 9 décembre 2008

Aux côtés de la jeunesse grecque

Communiqué de la LCR. Vendredi 5 décembre, la répression policière systématique des mobilisations étudiantes a franchi un dramatique palier : un jeune de 15 ans, Andréas Grigoropoulos, est mort tué par un policier des « forces spéciales » alors qu’il n’y avait ni manifestation, ni jet de pierres à l’encontre des forces de police. Depuis, de nombreuses manifestations de protestation des étudiants grecs se sont déroulés à Athènes et dans de nombreuses villes dans un climat de violences policières e plus en plus lourd. Ces événements s’inscrivent dans une situation politique et sociale très dégradée : corruption, scandales financiers et incompétence à l’égard du gouvernement Caramanlis, opposition des étudiants contre la privatisation des facultés, des lycéens contre le manque de moyens, les réformes scolaires et les salires de misère qui les attendent à la fin de leurs études. Mercredi 10 décembre, une grève générale est prévue à l’appel des organisations syndicales contre la remise en cause des droits à la retraite. La LCR, qui partage totalement la tristesse et la colère des étudiants grecs est solidaire de la révolte de la jeunesse grecque contre les violences policières et des mobilisations des travailleurs et de la population contre la répression et la politique du gouvernement Caramanlis. La LCR appelle l’ensemble des organisations de gauche à prendre des initiatives afin de manifester notre solidarité avec la jeunesse et la population en Grèce.
Le 9 décembre 2008.

lundi 8 décembre 2008

LA SITUATION EN GRECE

Bonsoir, un petit point d'info sur tout ce qui se passe en grece, car les medias reproduisent n'importe quoi... Pas beaucoup

Samedi dernier un flic a assassine un jeune de 15-16 ans a Athenes. L'histoire est en gros la suivante:
Qqs amis sont sortis dans le quartier de Exarchia (quartier historique du centre-ville, centre traditionnel de rassemblement des gens de la gauche anticapitaliste et des anarchistes) pour la fete d'un entre eux. Quand une voiture de la police est passée a cote d'eux, ils ont crié qqs slogans contre les flics. Apres qqs minutes, la voiture s'est arretée et les flics (2) se sont diriges vers le petit groupe des jeunes. Ils ont commence à les insulter (genre on va vous n... etc etc) et il y a eu un petit affrontement verbal.
Trois personnes parmi les jeunes ont avancé un tout petit peu vers les flics, en continuant le "discours" (on ne parle pas aux flics comme s'ils etaient nos amis quand-meme!). Au bout d'un moment, l'un des flics a juste tire son arme et tue Alexandros Grigoropoulos, eleve de 15 ans.
Donc, pour commencer, on ne parle pas d'un accident, on parle d'une execution.

Pourrait-on parler d'un flic qui est juste un peu plus psychopathe que les autres? Pas vraiment. Depuis a peu pres 5 ans (et surtout depuis un peu avant les jeux olympiques d'Athenes en 2004), on a vecu en grece une montee enorme de la repression. Les flics se trouvent vraiment partout, surtout dans le quartier (traditionnelment de gauche et au coeur d'Athenes) de Exarchia. La violence policiere est sans precedent, comme on l'a aussi vecu pendant le dernier grand mouvement etudiant qui s'est deroule ces derniers annees en Grece: Des tonnes de lacrymogenes dans chaque manif, des policiers qui tappent avegleument n'importe qui sans subir aucune consequence.

Pour une partie des gens qui ont vecu cette situation, cet incident n'a vraiment pas ete une surprise, il etait juste question de temps. Le gouvernement de la droite avait depuis le premier moment donne un pouvoir enorme a la police (le ministre d'ordre publique avait appelle les flics "praetores urbanis", pour les gens qui parlent un peu de latin), beacoup plus que pendant le passe. Ce qui s'inscrit, bien-sur, dans le cadre de la periode de crise dans laquelle on se trouve: Le derniers allies du gouvernement sont les "forces d'ordre".

S'agit-il d'un incident qui s'est passe dans un pays plus ou moins du tiers monde? Loin de ca! La grece est depuis plusieurs annees le pays imperialiste le plus puissant dans la region des Balcans (et dans l'europe de l'est, si on laisse la Russie a cote bien-sur). C'est un pays du capitalisme avance, qui ne differe pas beaucoup (en gardant les proportionalites) de la france. Tout ca pour dire qu'un tel incident aurait pu avoir lieu dans n'importe quel pays capitaliste et que c'est un sujet qui nous concerne tous et toutes.

Cet evenement a ete une etincelle pour l'explosion d'un rage qui s'accumule depuis plusieurs annees. Les gens qui font des emeutes ne sont pas que des groupuscules minoritaires. Dans la manif de Dimanche, on a eu plus que 10 000 manifestants. On ne parle bien sur non plus d'une revolution. Mais il est clair que ca ne va pas finir ici.

Mercredi il y a une greve generale en grêce. Plusieurs syndicats, surtout d'enseignants, ont deja proclame une greve pour mardi aussi. Plusieurs facs ont deja ete occupees avant l'incident, et on espere que cela va continuer et s'etendre aussi aux ecoles. La manif de Mercredi ne serra surement pas une manif comme toutes les autres...

Fraternellement,
Andreas